Immense et admirable aventure aussi vieille qu’Homo sapiens, la science est née comme une sœur jumelle du langage. Les mots nous invitent précocement à pratiquer la synthèse et l’analyse, les phrases à penser avec rigueur, le récit à nous interroger sur la vérité. Le futur ne prend droit de cité dans notre grammaire qu’en s’appuyant sur les lois de la science et le point d’interrogation, parent proche de la curiosité, marque initialement notre questionnement sur les comment ? que nous pose la nature.
Avec Galilée, puis avec Newton, ce sont les pourquoi ? – beaucoup plus ardus –que nous affrontons : pourquoi la vie, pourquoi la matière, pourquoi le ciel étoilé ? Viendront alors les théories, puis la recherche d’une unité du monde, suite de découvertes de plus en plus raffinées qui, pourtant, posent autant de questions nouvelles qu’elles en résolvent d’anciennes : paradoxalement la science crée de l’inconnu.
Mais, plus concrètement, elle crée aussi d’innombrables outils qui nous aident à mieux vivre (les médicaments), à mieux communiquer (le transistor), à mieux explorer le monde (les fusées), mais aussi à mieux le détruire (Hiroshima), ouvrant mille questions aiguës dans nos débats éthiques. L’une des plus complexes concerne l’Intelligence artificielle qui, tout en nous faisant de précieux cadeaux (la traduction automatique, la robotique) nous laisse entrevoir des perspectives sinistres, celle notamment d’un homme ‘augmenté’ – rêve des eugénistes – à la veille de devenir un ‘homme artificiel’.
Physicien, Yves Quéréest Membre de l’Académie des sciences. Ancien prési-dent du Sénat des professeurs et directeur de l’Enseignement à l’École polytechnique, il a été élu à la présidence de l’InterAcademy Panel (IAP) qui est l’Assemblée des Académies des sciences de par le monde. Il a lancé, avec Georges Chapak, Prix Nobel de physique, et Pierre Léna, astro-physicien, cette rénovation de l’enseignement des sciences à l’école qu’est La main à la pâte.
Mise à jour : septembre 2021