1) Mettre en place des stratégies pour améliorer la motivation des élèves
La motivation est au cœur des apprentissages. Quel enseignant n’a jamais fait le constat que ses élèves étaient trop faiblement motivés ? Pour améliorer la motivation des élèves, il est possible de mettre en place des approches pédagogiques fondées sur :
- la métacognition : lorsque l’élève apprend à s’auto-évaluer, il mesure mieux ses propres progrès et comprend le lien entre effort et réussite, ce qui lui permet d’auto-réguler ses apprentissages ;
- l’enseignement explicite des stratégies qui permettent d’« apprendre à apprendre » (planifier, étudier, s’évaluer) au sein des contenus du programme ;
- l’augmentation des motivations intrinsèques telles que la curiosité, le sentiment d’auto-efficacité (confiance en soi), et les buts de compétence (où l’élève se donne un objectif concret de maîtrise d’un sujet donné).
Ces approches sont parmi celles qui ont fait la preuve de la plus grande efficacité dans les recherches internationales. Elles gagnent à être mises en place de manière concertée à l’échelle d’un établissement plutôt que par des enseignants isolés.
Aller plus loin
- l Lettre du CSEN n° 6 « Les enjeux de la métacognition à l’école »
- l Synthèse de la recherche et recommandations du CSEN « La métacognition : bases théoriques et indications pratiques pour l’enseignement »
- l Chapitre « Motivation et métacognition » du MOOC « La psychologie pour les enseignants »
- l Évaluation par EEF « Metacognition and self-regulation » (en anglais, prochainement disponible en français sur le site du CSEN)
2) Mettre en place une démarche d’enseignement explicite
L’enseignement explicite est un enseignement structuré, où l’activité de l’enseignant – essentielle – a pour but de favoriser, par des explications claires, des démonstrations et une pratique guidée, un engagement actif des élèves et une meilleure compréhension de l’objet d’apprentissage.
En résumé, il s’agit d’abord de donner aux élèves un but précis d’apprentissage, afin d’orienter leur attention et de faciliter leur focalisation sur les informations essentielles et l’inhibition des informations inutiles – sans oublier de faire le lien avec les notions précédentes (ce qui permet de réactiver les informations liées en mémoire à long terme).
L’objet de l’apprentissage (notion, technique, etc.), doit donc être clairement défini et précisément délimité, pas trop lourd (ce qui ne veut pas dire facile) pour ne pas surcharger la mémoire de travail des élèves. L’enseignant commence par démontrer, expliquer à l’aide des exemples résolus, « mettre un haut-parleur sur sa pensée » afin de transmettre des stratégies de résolution, mais aussi d’évaluation de sa progression. Il fait ensuite pratiquer collectivement en sollicitant l’engagement des élèves, en interagissant avec eux et en vérifiant le niveau de compréhension, sans se contenter de questions vagues « vous avez compris ? », mais en demandant aux élèves d’expliquer leur réponse, leur raisonnement, ou celui d’autrui « Peux-tu me dire pourquoi la solution proposée par X est bonne ? ». Une fois le niveau de compréhension jugé satisfaisant, l’enseignant met les élèves en travail autonome.
Il vérifie en circulant l’avancée du travail et en donnant de courtes explications personnalisées si nécessaire. Cette pratique guidée se poursuit jusqu’à ce que l’élève acquière des automatismes. Cette automatisation est favorisée par des rappels et révisions réguliers (hebdomadaires, mensuels…). L’automatisation est nécessaire pour que la notion censée être apprise ne vienne pas accroître la charge cognitive lors des futurs apprentissages.
L’efficacité de l’enseignement explicite a été démontrée par de nombreuses recherches scientifiques. Dans le cas de l’apprentissage d’une nouvelle notion, l’enseignement explicite bénéficie généralement à tous les élèves, y compris aux élèves forts. Cependant, les élèves faibles ou défavorisés semblent bénéficier tout particulièrement de cet enseignement. Les contenus disciplinaires ne sont pas les seuls susceptibles de faire l’objet d’un enseignement explicite. Il est aussi important d’enseigner aux élèves de manière spécifique et explicite comment apprendre, comment gérer leurs propres apprentissages, ce qui peut favoriser leur métacognition et leur autorégulation.
Aller plus loin
3) Déployer une stratégie efficace pour améliorer le climat scolaire
Améliorer le climat scolaire en apprenant aux élèves à mieux se comporter, c’est possible ! Les démarches qui ont obtenu les meilleures preuves d’efficacité pour réguler les comportements des élèves et améliorer les climats de classe consistent à :
- établir des règles claires et cohérentes, en concertation avec les élèves et les personnels ;
- promouvoir une compréhension fine du comportement des élèves ;
- enseigner explicitement les habiletés sociales et les comportements attendus ;
- privilégier la récompense des comportements positifs sur la punition des infractions ;
- maîtriser les techniques de gestion des situations de crise ;
- articuler l’approche de manière cohérente entre le niveau individuel, le niveau de la classe et le niveau de l’établissement.
Il existe plusieurs programmes intégrés qui permettent de mettre en place cette démarche. Celui qui a fait la meilleure preuve de son efficacité au niveau international est le programme Soutien au comportement positif. Le programme de la province de l’Alberta est également une excellente source d’inspiration.
Dans tous les cas, une formation de tous les personnels de l’établissement à ces approches est indispensable.
Aller plus loin
- l Chapitre « Réguler efficacement le comportement des élèves » du MOOC « La psychologie pour les enseignants »
- l Présentation du système Soutien au Comportement Positif
- l Exemple de mise en œuvre du SCP en France
- l Renforcer le comportement positif dans les écoles albertaines : une méthode intensive et personnalisée
- l Renforcer le comportement positif dans les écoles albertaines : une méthode appliquée à l'échelle de la classe
- l Renforcer le comportement positif dans les écoles albertaines : une méthode appliquée à l'échelle de l'école
- l Évaluation par EEF « Behaviour interventions » (en anglais)
4) Rendre l’école attentive au sommeil des élèves
Un enfant ou un adolescent qui dort bien apprend mieux. Une bonne nuit de sommeil est essentielle pour l’apprentissage : elle prépare l’enfant à être plus attentif le lendemain, et elle est indispensable pour que les informations apprises s’ancrent dans la mémoire. C’est « la consolidation » : pendant la nuit, le cerveau répète, enregistre et approfondit les apprentissages de la journée. Les enseignants et les chercheurs en sont convaincus, les équipes pédagogiques doivent faire du sommeil un outil de réussite scolaire et de bien-être de l’élève. Des élèves qui dorment mieux, c’est aussi un plaisir pour l’enseignant !
Cette science du sommeil peut s’enseigner dès le premier degré. En comprenant l’importance du sommeil, en identifiant leurs besoins et en découvrant les rôles du sommeil, les élèves adoptent des comportements favorables à leur développement.
Aller plus loin
- l Lettre du CSEN n° 1 « Comment mieux dormir aide à mieux apprendre ? »
- l Synthèse de la recherche et recommandations du CSEN « Mieux dormir pour mieux apprendre »
- l Vidéo « Fred, explique-moi… Comment le sommeil nous aide à mieux apprendre ? »
- l Site Mémé Tonpyj, un outil pédagogique pour parler du sommeil et dont les effets ont été mesurés en classe (Ressources pour le cycle 2)
5) Mettre en place le tutorat
Le cerveau humain apprend bien plus facilement d’une autre personne plutôt que d’un ordinateur ou d’un livre. Cependant, la relation enseignant-élève n’est pas toujours évidente. Le tutorat entre élèves, deux à deux (peer tutoring) est l’une des actions pédagogiques les plus efficaces, où les deux élèves progressent :
- le moins avancé reçoit un enseignement et un feedback personnalisés, focalisés sur ce qu’il n’a pas compris ; il accepte mieux ce qui vient d’un élève qui est récemment passé par les mêmes difficultés que lui ;
- le plus avancé apprend à mieux expliquer les concepts et à comprendre les erreurs de l’autre, il précise sa pensée et invente de meilleures manières de la transmettre (cours, exercices). Valorisé en tant qu’expert, il gagne en confiance en lui.
De nombreuses manières d’organiser le tutorat peuvent être envisagées, par exemple :
- à l’intérieur d’une classe : certains élèves en capacité d’aider leurs camarades prennent en charge un élève ou un groupe d’élèves qui ont besoin de soutien – mais il est également possible d’inverser le processus et de demander à chaque élève, à un moment donné, de soutenir un élève ou un groupe d’élèves ;
- entre niveaux : chaque élève d’une classe de niveau n (par exemple 5ème) est amené à soutenir un élève de niveau n-1 (6ème). C’est l’option la plus valorisante pour tous les élèves.
Mettre en place le tutorat nécessite de se donner des objectifs pédagogiques précis, d’organiser des ateliers, et de dégager des temps spécifiques.
Aller plus loin
6) Maximiser l’engagement des parents
Il existe une relation forte entre l’attention aux apprentissages dans le cadre familial et la réussite scolaire. L’engagement des parents et l’enrichissement des relations entre l’école et les familles sont des leviers d’action importants. Afin de mieux mobiliser les parents, surtout ceux qui sont le plus éloignés de l’institution scolaire, la recherche fait ressortir plusieurs principes :
- le contact avec les parents doit être régulier – par exemple, une expérimentation efficace au Royaume Uni a consisté à adresser chaque semaine des SMS avec des informations personnalisées. Ce contact doit être directement lié aux enjeux.
- des apprentissages, avec des discours positifs, non culpabilisants, qui valorisent notamment les réussites ;
- les parents attendent une communication à double sens et apprécient d’être consultés, c’est souvent une condition de leur engagement ;
- réunir des groupes de parents dans un cadre informel peut être particulièrement efficace, comme l’a montré l’expérimentation « La mallette des parents » dans l’académie de Créteil ;
- il est plus facile d’agir sur le comportement ou la motivation des élèves que d’espérer que les parents fassent directement progresser leurs enfants sur le plan scolaire. Inciter les parents à superviser les devoirs de leurs enfants n’est donc pas très efficace. Par contre, il est très utile que les parents aident leurs enfants à se fixer des buts, à organiser leur temps, à construire des habitudes de travail, de sommeil, etc. ;
- dans les petites classes, la lecture à la maison doit être encouragée, mais elle doit être accompagnée : distribuer des livres ne suffit pas.
Aller plus loin
7) Vérifier que tous les élèves ont bien appris à lire
Les statistiques de la DEPP et des journées défense et citoyenneté indiquent que trop de jeunes ne maîtrisent pas bien la lecture. Or, savoir lire conditionne toute la scolarité et la vie professionnelle.
Le CSEN a publié de nombreux écrits et vidéos sur les pédagogies les plus efficaces pour enseigner la lecture – du décodage à la compréhension (voir ci-dessous « Aller plus loin»). Un projet d’établissement centré sur la lecture pourrait consister à :
- préparer les élèves dès la maternelle, en développant le vocabulaire, la maîtrise du langage oral, la connaissance des lettres, et en faisant jouer avec les sons de la parole (rimes, allitérations, contrepèteries) ;
- au CP, s’équiper des manuels les plus efficaces, en s’inspirant de l’analyse du CSEN et de l’expérience de l’académie de Paris ;
- s’assurer que chaque enseignant de CP bénéficie d’une formation dédiée et d’un suivi par les IEN et conseillers pédagogiques référents du Plan français ;
- utiliser les évaluations nationales pour identifier les élèves en difficulté et leur accorder un soutien supplémentaire ;
- ne laisser aucun élève de côté : bien au-delà du CP, à l’école et au collège, vérifier chaque année la compétence en lecture, par exemple, à l’aide du test de lecture en une minute ou de la décision lexicale, et proposer aux élèves en difficulté, notamment allophones, une remédiation spécifique ;
- faire pratiquer et aimer la lecture ;
- mettre en place une bibliothèque de classe et l’emprunt, tous les vendredis, par tous les élèves, d’un livre pour le week-end ;
- déployer des logiciels qui ont commencé à démontrer, dans des expérimentations randomisées contrôlées, leur efficacité à transmettre les fondamentaux de la lecture, notamment :
Kalulu : logiciel adapté pour les élèves de la maternelle au CE1 qui permet une consolidation et une automatisation du décodage. Afin que les élèves restent impliqués dans l’exercice, le logiciel s’adapte automatiquement à leur niveau pour leur permettre de progresser à leur rythme ;
GraphoGame : logiciel d’entrainement à la lecture qui permet aux élèves d’automatiser leur lecture et de renforcer leurs compétences. Il est adapté aux élèves du CP au CM1.
Aller plus loin :
- l Lettre du CSEN n° 4 « Comment apprendre à lire efficacement ? »
- l Synthèse du CSEN « Pédagogies et manuels pour l’apprentissage de la lecture : comment choisir ? »
- l Synthèse du CSEN « Apprendre à lire : du décodage à la compréhension »
- l Note d’alerte du CSEN « De nouveaux signaux d’alerte sur l’enseignement de la lecture en CP »
- l Vidéo « Fred, explique-moi… Comment apprendre à lire efficacement »
8) Redonner goût aux mathématiques et aux sciences : du matériel, des projets et de la passion
Les mathématiques sont un autre domaine où les élèves français sont en perte de vitesse, et qui peut faire l’objet d’un projet d’établissement. Voici quelques pistes.
- Rematérialiser les maths. Les mathématiques sont trop souvent perçues comme une discipline aride et abstraite. Or, toutes les mathématiques peuvent être introduites par la construction d’objets matériels. Il s’agit de faire des maths, et d’en apprécier la beauté et l’utilité, afin d’avoir envie d’en maîtriser les outils. Confrontés à des problèmes concrets, les élèves découvrent l’utilité des outils mentaux (nombres, mesures, graphes…) qui permettent de les résoudre.
- Promouvoir un aller-retour entre situations concrètes et abstractions mathématiques. Appuyer le raisonnement sur un objet matériel, un schéma, une simulation numérique…
- ce que certains didacticiens appellent « modélisation » – facilite l’approfondissement de la pensée de l’élève. La manipulation de ces objets doit s’accompagner d’explications constantes, afin de mieux aider l’élève à abstraire le concept abordé. Inversement, après l’introduction d’un concept abstrait, le retour vers des situations concrètes permet de mieux en comprendre l’utilité. C’est cet aller-retour qui aide à donner du sens aux mathématiques.
- Se doter d’une ludothèque mathématique avec du matériel amusant : jeux, casse-têtes, pliages, constructions… De nombreuses recherches montrent que jouer fait progresser en maths. Les activités ludiques utiles incluent les jeux collectifs (cartes, jeux de plateau), mais également les solitaires, casse-têtes, constructions et pliages en papier… qui stimulent le sens de la symétrie et de la beauté mathématique. L’informatique est également une activité concrète qui développe l’intuition mathématique (tris, graphiques, etc.).
- Doter chaque classe d’une bibliothèque de livres à contenu mathématique. Il existe de nombreux livres, y compris des romans, qui, dès le plus jeune âge, parlent de sciences et de maths. Lire des biographies de scientifiques, femmes et hommes, c’est aussi lutter contre les stéréotypes de genre, qui font que beaucoup de jeunes filles ne sont pas intéressées par les maths.
- Accueillir en classe des passionnés de sciences et de maths. De nombreux enseignants du premier degré ne sont pas à l’aise en mathématiques et en sciences. Or, la recherche montre que l’anxiété envers les mathématiques est contagieuse et se transmet des adultes aux enfants. Une piste d’expérimentation pourrait consister à faire intervenir en classe des enseignants ou intervenants spécialisés et passionnés – soit en identifiant, parmi les enseignants déjà en poste, les plus passionnés par ces sujets et en leur confiant plusieurs classes ; soit en faisant intervenir des personnes extérieures (chercheurs, ingénieurs, élèves des universités ou des grandes écoles…), dans un cadre co-construit avec l’enseignant.
Les mathématiques sont trop souvent détachées du cadre scientifique pour lesquelles elles ont été inventées. Nous suggérons donc également de prêter attention à :
- Rematérialiser les sciences. Même si elles peuvent être plus facilement concrètes que les maths, donner à voir l’utilité des sciences sur des questions qui concernent les élèves peut remobiliser leur intérêt. Les défis environnementaux, auxquels les élèves sont très sensibilisés, sont une bonne porte d’entrée pour renforcer leur culture scientifique ;
- En particulier, mettre en place des projets scientifiques liés au climat ou à la biodiversité. Ce domaine particulièrement motivant pour les élèves permet de faire dialoguer les disciplines au service d’une éducation transversale et citoyenne.
Aller plus loin :
-
l Lettre du CSEN n° 3 « Le lien entre nombre et espace, pilier des mathématiques »
-
l Synthèse du CSEN « L’ouverture aux mathématiques en maternelle et au CP »
-
l Vidéo « Comment les mathématiques s’inscrivent-elles dans le cerveau ? Implications pour l’enseignement » (Conférence du CSEN « Mathématiques pour tous », juin 2022)
-
l Ressources sur le climat, la biodiversité et l’EDD « L’École face au défi de l’enseignement des enjeux climatiques et de biodiversité : glossaire et guide pour développer des projets »
9) Favoriser la mémorisation à long-terme, la compréhension et le transfert des compétences
La psychologie cognitive a clairement démontré que certaines stratégies facilitent la mémoire. Elles consistent principalement à :
- Tester régulièrement les élèves, afin de mettre à l’épreuve leur mémoire et de faire en sorte qu’ils reçoivent un feedback sur leurs performances ;
- s’assurer que ce feedback soit bienveillant et informatif : il s’agit simplement d’un signal qui permet de mieux apprendre ;
- Espacer progressivement les tests (tous les jours, toutes les semaines, puis tous les mois), afin de favoriser la rétention à long terme ;
- Pratiquer des activités génératives (rappeler explicitement un mot, une phrase ou un concept), car celles-ci favorisent la compréhension profonde et donc le transfert des compétences à des situations nouvelles.
Ces stratégies pour entraîner la mémoire peuvent se pratiquer avec des outils simples (cartes double-face : question d’un côté, réponse de l’autre) ou plus sophistiqués (cartes QCMcam, logiciels Anki ou Quizlet). Elles font partie des pratiques qui ont les plus grandes preuves d’efficacité.
Aller plus loin :
-
l Chapitre « Mémoire et apprentissages scolaires » du MOOC « La psychologie pour les enseignants »
-
l Site « Les Cogni’classes »
-
l Évaluation par EEF « Feedback » (en anglais, bientôt disponible en français)
-
l Évaluation par EEF « Cognitive science in the classroom » (idem)
-
l Évaluation par Deans for impact « The Science of learning » (en anglais)
10) Favoriser l’attention et la concentration
L’attention et la concentration des élèves sont des facteurs déterminants de l’apprentissage. Voici plusieurs pistes afin de les maximiser.
- De nombreuses recherches ont montré que le long cours magistral n’est pas optimal, car il risque de perdre l’attention et la motivation de l’élève. Poser des questions de façon régulière, créer des surprises, permettent de réengager l’attention des élèves en les rendant actifs.
- Certains outils informatiques, tels que les questionnaires à choix multiples (QCM), forcent tous les élèves à redevenir actifs. De plus, ils permettent de fournir à chacun un feedback rapide et individuel. Le fait d’inviter l’élève à répondre à des questions en cours d’apprentissage permet de maintenir l’élève engagé dans la tâche et de différencier l’apprentissage.
- Minimiser les sources de distraction. Une classe trop décorée, un style de présentation qui peut paraître à première vue attrayante, risquent de se révéler source de distraction. Images, vidéos, liens hypertexte quand ils sont insérés dans un texte écrit, invitent à s’en éloigner, au risque de perdre le fil. Les schémas visuels complexes peuvent eux aussi constituer une difficulté si l’élève n’est pas habitué à les utiliser et à les interpréter. Gardons toujours à l’esprit que le cerveau éprouve d’importantes difficultés à focaliser l’attention sur plus d’une tâche à la fois, et que maintenir plusieurs tâches actives à un coût pour l’élève.
Aller plus loin :
- l Vidéos CanoTech « Apprendre l’attention à l’école » et « L’attention à l’école »
- l Parcours M@gistère « L’attention, ça s’apprend ! »
11) Aider les élèves à gérer leur charge cognitive
La mémoire de travail des élèves peut rapidement devenir surchargée. Cela arrive notamment en début d’apprentissage, lorsqu’on leur demande de résoudre un problème complexe (qui comprend plusieurs tâches), de gérer de grandes quantités d’information, ou de mener plusieurs tâches en même temps.
Dans ce domaine, l’expertise et les connaissances préalables ont une très forte influence : elles aident à gérer cette charge. Il ne s’agit donc pas de baisser systématiquement la charge cognitive mais de l’optimiser.
Plusieurs stratégies ont été proposées à cette fin, et ont donné des effets positifs, notamment en mathématiques et en sciences au niveau de l’enseignement secondaire. L’enseignant peut notamment aider à :
- Diviser les contenus à apprendre en « morceaux » plus faciles à manipuler ;
- Diviser les problèmes à résoudre en sous-tâches ;
- Utiliser des démonstrations pas à pas ;
- Modéliser la résolution d’un problème pour l’élève avant de lui demander de résoudre un problème analogue ;
- Fournir des aides et donner des instructions claires ;
- Favorisant l’automatisation, par exemple du calcul mental, afin de « libérer l’esprit » pour pouvoir passer à des tâches plus complexes.
En l’absence de preuves d’efficacité significatives dans des domaines autres que les sciences et les mathématiques et de l’enseignement secondaire, il est d’autant plus important que toutes les actions innovantes visant l’objectif de gérer la charge cognitive soient dument évaluées afin d’identifier les meilleures pratiques à généraliser.
Aller plus loin
- l Interview Qu’est-ce que la charge cognitive ? (site La main à la pâte)
- l Article Charge cognitive et apprentissage2
- l Évaluation par EEF « Cognitive science in the classroom » (en anglais)
12) Promouvoir la pensée méthodique et l’esprit critique
L’éducation ne doit pas uniquement permettre aux élèves d’engranger des connaissances, mais aussi de leur donner des stratégies pour choisir, parmi les informations qu’ils reçoivent, celles qui sont les plus justes, et de savoir détecter les « infox». C’est ce qu’on appelle l’esprit critique, ou mieux, la pensée méthodique : savoir lire un graphe ou un tableau, analyser la solidité d’un argument, identifier les sources les plus valides, sélectionner les connaissances les plus solides, et ne pas se laisser influencer sans preuves…
Chaque leçon, qu’il s’agisse de sciences, d’histoire/géographie ou de français, peut être une occasion de promouvoir la logique, le raisonnement, la pensée méthodique et l’esprit critique des élèves. Il s’agit de :
- Rendre ces objectifs explicites, pour l’enseignant comme pour l’élève ;
- Expliciter, pour l’élève, les stratégies et les outils qui vont permettre d’atteindre ces objectifs ;
- Retravailler ces stratégies en relation avec une variété d’exemples, afin d’en montrer toute la généralité ;
- Développer l’attitude métacognitive des élèves : les aider à évaluer leurs connaissances, à objectiver leur sentiment de confiance, et à reconnaitre les biais et les raccourcis qui affectent nos jugements.
Aller plus loin
- l Synthèse du CSEN, parcours M@gistère et ressources « Éduquer à l’esprit critique : bases théoriques et indications pratiques »
- l Rapport « Les Lumières à l’ère du numérique »
13) Développer des projets pour l’école inclusive
L’inclusion des enfants en situation de handicap dans les écoles et établissements scolaires ordinaires est fondée sur la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées (2005-102 du 11 février 2005), mais aussi sur des accords internationaux (par exemple la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, 1989). L’objectif est que chaque enfant puisse développer son potentiel scolaire au maximum de ses possibilités sans en être empêché par son handicap. La mise en œuvre de cette avancée sociétale mondiale est néanmoins complexe, et de nombreux problèmes restent à résoudre.
Les travaux scientifiques menés au cours des deux dernières décennies proposent un certain nombre de pistes sur lesquelles on peut s’appuyer. Dans leur ensemble, ils démontrent que la présence d’élèves à besoins spécifiques dans les classes ordinaires à un effet bénéfique sur les résultats scolaires des autres élèves en primaire et à un moindre degré dans le secondaire. Par ailleurs, les études établissent que les approches pédagogiques préconisées dans ce document, telles que l’enseignement explicite, le tutorat par les pairs et le travail collaboratif, l’apprentissage de stratégies métacognitives, et les approches de gestion de comportement à l’échelle de la classe et de l’établissement sont particulièrement efficaces pour ces élèves.
Plus spécifiquement, les pratiques qui ont montré leur pertinence sont :
- Un travail en collaboration avec des professionnels de santé extérieurs (orthophoniste, ergothérapeute, psychomotricien…) ;
- Mettre en place des adaptations et des aménagements des tâches et des évaluations scolaires, en fonction des besoins de l’élève, de manière à assurer l’accessibilité des apprentissages pour tous et la possibilité pour chacun de progresser ;
- L’utilisation de technologies adaptées : ordinateurs, tablettes avec des applications et des ressources numériques adaptées ;
- Une communication fréquente et constructive avec les parents pour mieux identifier les besoins de l’élève.
Enfin, des aides humaines formées et supervisées par les enseignants pour mettre en œuvre une intervention pédagogique efficace peuvent améliorer les performances scolaires, le comportement et la participation sociale des élèves. En revanche, Il faut éviter de recourir à des aides humaines qui ne sont pas formées et/ou qui ne sont pas supervisées par l’enseignant, et de les laisser constamment avec certains élèves.
À noter que si le rôle de l’enseignant est majeur, l’implication de l’ensemble de l’équipe pédagogique, du chef d’établissement, et des équipes académiques est indispensable pour créer un environnement positif et favorable à la mise en place d’un programme inclusif.
Aller plus loin
- l Évaluation par EEF « Special educational needs and disabilities (SEND) » (en anglais, bientôt disponible en français)
- l Site Le Cartable Fantastique
- l Synthèse du CSEN « La scolarisation des élèves sourds en France »
- l Site Fédération Française des Dys
Mise à jour : juillet 2024